Du fretin au fret...
La réponse, immédiate et majoritaire, donnée par l'évocation du mot bateau est celle «d'engin utilisé pour pratiquer la pêche». Pourquoi en serait-il autrement dans notre Saintonge ?
Chez nous, l'histoire tenace des heures fastes de la pêche à la sardine persiste, même si elle n'est plus d'actualité. Elle marqua tant les esprits de l'époque qu'on finit par baptiser le produit de la pêche du nom même du port armant les navires. Ainsi Royan fut-il et reste-t-il à la fois nom de ville et de sardines savoureuses, sur une grande partie du littoral atlantique, de la Vendée jusqu'à Bayonne, aux confins de la Côte d'Argent. Plusieurs siècles se sont écoulés depuis le déclin progressif de cette activité, mais le terme subsiste...
Notre rapide survol de la flottille locale ne pouvait donc débuter autrement que par l'embarcation emblématique de cette pêche: la chaloupe. Sous ce vocable, utilisé dans de nombreuses régions françaises, se cachent des embarcations bien différentes. Près de Royan, on nomme ainsi un bateau de 12 à 15 m, jaugeant entre 20 et 40 tonneaux, gréé de voiles au tiers, portant un long bout-dehors, et trois mâts :
- misaine à l'avant, presque vertical, surmonté parfois (pour les régates) de son hunier,
- grand mât, au centre, incliné fortement sur l'arrière avec taillevent et hunier,
- et très souvent tapecul, complètement à l'arrière, avec une voile aurique.
Très bon voilier aux formes rebondies, pincé aux deux extrémités avec une étrave et un étambot pratiquement perpendiculaires à la quille, il se couvre progressivement d'un pont et d'un pavois ajouré avec batayolles. Ainsi s'exhibaient les chaloupes, qui évoluèrent pour devenir bateaux pilotes et se métamorphosèrent peu à peu pour plus d'efficacité ...
Chaloupes de Royan