Passeurs d'eau transversaux
Des foules de pèlerins empruntèrent les chemins de Saintonge. Le chapelet d'églises romanes dont notre département est doté témoigne de leur ferveur. On peut aisément imaginer leur désappointement se heurtant à cette barrière liquide qui rallongeait considérablement le parcours. Que certains, plus audacieux, après avoir honoré Sainte Radegonde, aient sollicité le concours de propriétaires de bateaux riverains semble concevable, même si les traces font défaut. Des passeurs occasionnels depuis Talmont ou Mortagne pourquoi pas? La rumeur de moines peu scrupuleux, parfois naufrageurs détroussant les pauvres pèlerins et le quolibet, peu flatteur, colporté par les villageois voisins qualifiant Talmont de « petite ville et méchant monde» accréditent cette thèse. Si le courage ou l'inconscience faisait défaut, la traversée par barques effilées, appelées anguilles était possible au départ de Blaye, et autres petits ports plus en amont.
Au XVIIe, on fait état de certains bateliers de Saint-Georges-de-Didonne qui louaient leurs services et leurs barques pour traverser la rivière. On relate même l'allumage de feux de bois sur le rivage médocain pour solliciter un embarquement. Alertés par ce signal lumineux, les marins saint-georgeais véhiculaient, à la voile, ces voyageurs.
Plus spectaculaires furent les naviplanes de Jean Bertin, inventeur de l'aérotrain. En 1972, le N 300 Baie des Anges assura une liaison entre Blaye et Lamarque, pour 4 voitures et 38 passagers. Il fut le 1er aéroglisseur marin français à vocation commerciale. Cinq ans plus tard, on admira les essais de son grand frère, le N500 Côte d'Argent sur la Gironde. Ce dernier transportait 400 passagers et 65 voitures. Malheureusement il prit feu en mai, soit 3 mois seulement après ces essais. Son frère en construction, l'Ingénieur Jean Bertin, officia quelques temps pour la SNCF entre la France et l'Angleterre. La disparition rapide de leur concepteur stoppa net cette aventure technologique pauillacaise.
Baie des Anges sur la Gironde