La maison de bourg
Le bourg est une architecture de murs, mais de murs indiscrets qui laissent entrevoir l'intérieur de la maison ou de la cour, ou mieux encore, qui laissent «croire voir». Bourg de la bourgeoisie marchande où les maisons cossues, symboles du prestige social, voisinent avec les modestes échoppes des artisans.
Chaque maison diffère de sa voisine par quelques détails, mais lui ressemble pourtant. L'architecture dominante, d'inspiration classique, présente des façades ordonnancées sur l'espace public dans un esprit de représentation comme une mise en scène à la fois décor et spectacle. L'activité économique et les usages animent les rez-de-chaussée. Le corps de bâtiment de plan rectangulaire comprend le plus souvent deux niveaux habitables. La façade sur rue, en pierre de taille, mais le plus souvent enduite à la chaux, est dessinée suivant la trame d'une étoffe écossaise soignée et fouillée : les lignes horizontales douces du soubassement, des bandeaux et cordons, et des corniches se tissent avec les lignes verticales affirmées des ouvertures. Une porte d'entrée, encadrée par des pilastres portant un entablement, et un seuil surélevé d'une ou deux marches donnent accès à un vestibule central qui définit une travée axiale à partir de laquelle sont organisés de façon symétrique deux groupes d'une ou deux travées composées de fenêtres superposées parfois à linteau en arc segmentaire. Cette organisation de façade présente l'avantage de distribuer dans chaque pièce la lumière à intervalles réguliers. Le vestibule central dessert les pièces latérales, le plus souvent pièces de réception côté rue et salles de service côté jardin. L'escalier tournant établi contre le mur mitoyen prend naissance dans le vestibule. Dans les maisons à plusieurs travées, les pièces sont en enfilade. L'espace et le volume sont le charme et le vrai confort de ces constructions. La toiture est couronnée d'épis de faîtage. Des particularités émergent de cette figure de base : troisième niveau en attique, plan en double profondeur, décor complexe d'acanthes, de rosaces, d'agrafes... Le superflu devient alors l'essentiel.
Quand la maison prend du recul par rapport à la rue ou à sa voisine, une clôture haute vient fermer le jardin, continuant ainsi l'effet de façade. Le jardin caché laisse parfois dévoiler son mystère par des plantes grimpantes, par la frondaison des arbres dépassant le mur ou à travers des grilles plus ou moins ouvragées.
Les franchissements
La complexité et la richesse des espaces des bourgs reposent sur la variété des architectures et des types de constructions qui s'offrent à la vue du promeneur.
Une autre qualité tout aussi importante, et que les règles d'urbanisme ne peuvent traduire, repose sur les éléments d'architecture qui signent les accès et le franchissement des propriétés privées. Les opérations contemporaines peinent en effet à proposer ces éléments subtils et ces transitions qui marquent le passage du domaine public aux propriétés privées tout en laissant deviner l'intérieur, par des grilles ajourées, des murets bas, une végétation de rue très particulière, des porches et des passages donnant accès aux jardins sur l'arrière.
La conception d'architectures monobloc, composées sur les seules exigences fonctionnelles qu'imprime l'automobile ne peut rivaliser ni correspondre à cette particularité si fortement exprimée dans les bourgs du Pays
Royannais.
Recommandations (réhabilitation)
- Respecter l'identité du bâti pour éviter les restaurations abusives et les réparations bâclées.
- Respecter l'architecture de l'étage et la trame des immeubles lors de la création de commerces en rez-de-chaussée.
- Ne pas confondre architecture monumentale et architecture domestique.
- Eviter les constructions neuves indigentes ou fausses.
- Admettre et encourager la création architecturale.