L'habitat
Le bâti agricole d'une grande simplicité montre des visages multiples. Simple pièce surmontée d'un grenier ou grande ferme ordonnancée, son rapport au site tient autant dans la qualité des matériaux mis en oeuvre que dans les volumes d'accompagnement accumulés au cours du temps en fonction de l'activité. La forme exprime la fonction avec un apport du beau.
La maison rurale est un simple parallélépipède aux pignons presque toujours aveugles, construite en moellons de pays enduits à la chaux et dont la façade majeure présente peu d'éléments décoratifs. Un soubassement et un égout de toit avec chevrons dépassants, une corniche en pierre de taille ou une génoise viennent protéger la façade des eaux de pluie. L'accès est peu marqué. Les ouvertures restent relativement ordonnancées mais la séquence et la répartition est moins systématique. Le toit à deux pentes est couvert en tuiles tige de botte. La souche de cheminée de forme simple est près du faîtage. Souvent ébranlée par le temps, la construction est pénétrée par des grands tirants d'acier.
Le travail à fournir définit, dans un juste rapport d'échelle, les volumes nécessaires à l'activité. Face à l'habitation ou en continuité se situent les chais et dépendances. Jamais enduits, avec des débords de toit en chevrons parfois délardés, ils présentent des volumes et des percements en rapport avec leur fonction : dans les sites exposés aux grands vents le mur s'écrase à hauteur de tête pour permettre juste le passage, la façade du chai se perce uniquement de la «décharge», les bâtiments réservés à l'élevage sont plutôt à l'échelle des animaux qu'ils abritent qu'à celle de l'homme.La clôture maçonnée accompagne les dépendances pour fermer une cour.
Là où le bâti traditionnel du village dialoguait avec l'espace du territoire, la propriété à cour fermée s'impose. Elle se présente comme une forteresse sans âge et obéit à un plan de composition assez organisé. On pénètre par un portail dans la cour fermée ; de part et d'autre du grand corps de logis qui fait face à l'entrée se développent les granges et les communs. La décoration demeure simple : porte d'entrée encadrée, bandeau en pierre soulignant l'étage, corniches en pierre de taille, appuis de fenêtres et linteaux sculptés, ordonnancement des ouvertures. Le logis lui-même peut reprendre l'organisation de la maison charentaise à laquelle est rajouté un étage, mais dont la composition de façade est ordonnancée en cinq travées avec entrée au centre.
Recommandations (réhabilitation)
- Conserver les enduits anciens s'ils sont en bon état, sinon refaire l'enduit traditionnel.
- Éviter de mettre les pierres de moellons à nu.
- Proscrire les enduits ciment et les monocouches à forte hydraulicité.
- Conserver les volets en bois, éviter les volets roulants, les volets plastique.
- Maintenir, réparer ou refaire la couverture en tuiles canal comme à l'origine.
- Éviter les doublages collés (humidité), installer une ventilation mécanique si les menuiseries sont changées.
Les maisons de maître rompent avec la complexité des volumes ruraux amalgamés. Sous toit à quatre pans souvent couvert d'ardoises, elles sont isolées de la rue par un mur de clôture construit avec les mêmes matériaux que le bâtiment principal. Les dépendances, quand elles existent, se développent symétriquement de part et d'autre de la maison. Les décors de façade deviennent plus classiques, l'encadrement de la porte transforme le franchissement du seuil en une cérémonie. La pierre de taille parfois finement ouvragée et décorée règne et organise la logique constructive en travées régulières pour les ouvertures alignées entre les niveaux et en parfaite symétrie par rapport à l'entrée.
Recommandations (réhabilitation)
- Conserver tous les éléments du décor de façade, les volets et les menuiseries en bois peint.
- Entretenir la pierre de taille par un simple gommage ou lavage à la brosse et à l'eau, ne jamais sabler les pierres.
- En cas de reconversion, ne pas diviser le jardin en petits espaces privatifs. Éviter de diviser et de céder le parc ou le jardin d'accompagnement. Trouver la place des stationnements dans les dépendances.